Le silence de l’espace. Pas de vent, pas de son, juste la respiration régulière du système de ventilation du costume de Lauren. Autour, le télescope spatial Hubble brillait sous l’intensité de la lumière crue du soleil. Les manipulations de maintenance sur l’astrographe étaient nécessaires depuis la dernière éruption chromosphérique. Une tempête géomagnétique avait fluctué le champ magnétique entourant l’engin spatial, ce qui a disrupté les lignes de transmissions électriques, empêchant l’envoi des signaux d’Hubble à l’agence spatiale sur Terre.
La mission était simple, de routine. Les tempêtes solaires étant devenues de plus en plus fréquentes durant la dernière décennie, dû à l’intensification du cycle solaire, le vaisseau spatial Promise et son équipage n’en étaient pas à leur premier rodéo. Après avoir enfilé son scaphandre extravéhiculaire, Lauren, astronaute la plus expérimentée à bord de l’équipage, fut la première à sortir du vaisseau Promise, qui lui était annexé à la Station spatiale internationale. Attachée à cette dernière par un câble de sécurité ainsi qu’une unité de propulsion manuelle, l’astronaute se déplaça lentement pour atteindre la zone endommagée du télescope.
Elle mit la main dans sa poche arrière et en ressortit un coupeur de câbles afin de remplacer les composantes électriques du panneau responsable des communications. Elle prit une profonde inspiration, stabilisa sa position et commença son travail, accompagnée du centre de contrôle sur Terre par communication radio.
C’est alors que la voix du centre de contrôle résonna dans son casque. Le centre spatial de Los Angeles informait l’équipage que le satellite américain Explorer avait été détruit par un astéroïde ayant dévié de l’orbite de la Lune, engendrant un nuage de débris spatiaux à proximité du site de Promise.
Le cœur de Lauren s’accéléra. Elle savait ce que cela signifiait. À cette vitesse, même un petit fragment pouvait perforer son scaphandre ou endommager la station. Son entraînement lui dicta la marche à suivre : ne pas paniquer. Revenir à la station aussi vite que possible. S’assurer que l’équipage soit saine et sauve.
« Lauren, nous avons une trajectoire sur les débris. Impact possible dans moins de dix minutes. »
Elle se propulsa avec prudence vers la station. Mais alors qu’elle s’approchait, une alarme se déclencha dans son casque. Elle regarda autour d’elle et vit un éclat métallique traverser le vide sidéral, brillant sous le soleil. Une fraction de seconde plus tard, une onde de choc secoua la structure de la station spatiale. Lauren sentit son câble de sécurité se tendre brusquement. Elle fut violemment projetée en arrière. Sa main chercha instinctivement une prise, mais ses doigts ne trouvèrent que le vide.
Lauren complètement abasourdie de la séquence des évenements, la voix du commandant résonna immédiatement afinde la raviver. « Active ta propulsion manuelle ! »
Lauren prit une profonde inspiration et enclencha le système. Un souffle d’azote la propulsa doucement vers la station, mais un autre impact frappa la structure, qui elle dérivait maintenant vers Promise. Son cœur battait à tout rompre. La situation dégénérait plus vite que prévu.
« L’équipage ! » Cria Lauren.
Soudain, un cri résonna dans son casque. Un de ses coéquipiers, Noah, venait d’être touché. Son signal vital clignotait sur l’écran de communication de Lauren. Elle tourna la tête juste à temps pour voir son corps dériver lentement, son scaphandre éventré, son sang se dispersant en perles flottantes dans l’apesanteur.
« Noah est mort… » chuchota une voix tremblante dans la radio. C’était Emma, l’ingénieure de bord. Le silence s’abattit. Puis, une autre secousse. Une explosion. La station venait d’être perforée à plusieurs endroits. Des alarmes de dépressurisation s’enclenchèrent. Lauren vit, impuissante, les autres membres de l’équipage se battre pour survivre. Un à un, ils furent emportés par la violence du vide.
Lauren savait qu’elle n’avait pas le choix. L’instinct de survie enclenché, elle savait qu’elle devait fuir. Elle activa sa radio une dernière fois : « Contrôle, je vais tenter une rentrée atmosphérique d’urgence. Je suis seule. »
La capsule de secours attachée à l’autre extrémité de Promise, leur dernier espoir, était encore intacte. Elle s’y engouffra, son souffle court. Derrière elle, le vaisseau se disloquait peu à peu, emportant avec lui les âmes de son équipage. Elle serra les mâchoires et programma les coordonnées de retour. Une impulsion. Une brûlure. La descente commença.