Il n’y a pas si longtemps, les êtres humains avaient le privilège de se promener dans la forêt, seuls, sans craindre pour leur vie. Il n’y a pas si longtemps, les enfants avaient le droit d’aller à l’école, d’apprendre les mathématiques et les sciences. Tout a changé lorsque leur immense navette ovale a atterri sur la côte ouest, quand les êtres humains ne pouvaient plus sortir sans risquer croiser une de ces bêtes féroces à l’haleine empoisonnée. Ils étaient devenus les esclaves de ces intrus, où même respirer une goutte de leur poison leur rendait paralysé, voir mort. Impossible de simplement partir en randonnée à l’extérieur, lorsque le climat est devenu insupportablement froid due au blocage permanant des rayons UV.
Videz les laboratoires! cria d’un ton menaçant l’extraterrestre chargé d’éliminer tous les chercheurs qui pourraient mettre fin au règne de terreur imposé par ces créatures féroces.
À l’extérieur d’un centre de recherche, autrefois destiné à la création de remèdes contre des virus mortels, une armée de ces bêtes cruelles, qui ressemblent à des lézards aux écailles sombres et yeux toxiques, se rassemblent avec leurs armes tranchantes. Leur regard froid perce à travers celui des pauvres scientifiques, qui ont été escortés de leur refuge, sans savoir ce qui leur attendra dans le froid glacial. Ils sont forcés à se placer en une ligne simple, sans vêtements pour leur protéger de la neige qui tombe à toute vitesse, sauf leur sarreau blanc. À la toute fin du rang de visages épeurés, un homme aux cheveux blancs et aux rides prononcés, Étienne, se serre les poings nerveusement. Il regarde à gauche et à droite, son cœur qui tambourine comme un orchestre, espérant de trouver une manière de se sauver la vie. Dans sa poche, un morceau de papier avec des mots rapidement gribouillés retient son attention, malgré l’ampleur des cris autour de lui : c’est la recette contre le virus apporté par les extraterrestres. Sachant qu’il est le seul scientifique capable de synthétiser le remède contre le poison des extraterrestres, Étienne reconnait la sévérité de la situation.
Il perçoit à sa gauche un feu rouge vif brûle les cadavres de ceux qui ont résistés aux nouveaux tyrans. Ils sont utilisés comme exemple, comme moyen de démontrer à ceux qui voudraient renverser le pouvoir que tenter leur chance n’apporte que la mort. Il sait qu’il ne peut pas quitter le rang, mais ses jambes semblent vouloir le propulser hors de cet enfer. Avant même de voir la série d’actions qui lui hantera à tout jamais, Étienne entend un cri strident qui déchire le silence lourd du dehors. Grelotant, il tourna sa tête vers la source du sanglot, et aperçoit ainsi un corps humain convulsant, infecté par le virus des extraterrestres. Ses yeux, devenus opaques. Sa peau, devenue translucide.
C’est ainsi qu’Étienne réalise que lui seul pourra mettre fin à cette épidémie, et rendre les humains vainqueurs. En regardant sa propre réflexion dans la glace sous ses pieds, il décide qu’il est temps d’utiliser ses connaissances pour le bien de la société, et se précipite hors de la file.