Nouvelle scientifique

Nouvelle scientifique

by Clara Côté -
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Le vent frottant les feuilles des arbres faisait un bruit doux, apaisant. Un lointain chant d’oiseau résonnait dans la forêt autrement trop silencieuse. Le soleil apportait une chaleur sur la peau de Christopher. Les yeux fermés, il pouvait se transporter à une époque différente, à un temps où les enfants couraient librement dans les rues et où les humains pensaient encore contrôler l’incontrôlable. La respiration encore haletante, après avoir escaladé le flanc de montagne pour une bonne partie de la journée, Christopher jeta son regard sur l’horizon et étudia les arbres jaunis et rabougris qui s’étendaient dans toute la vallée en contre-bas. Bien que le printemps fût bien avancé, la végétation ne présentait que des tons d’ocre. Christopher sortit son appareil photo et contempla le paysage à travers le viseur. Le relief et les motifs formés par la canopée, ainsi capturés, se transformaient en formules mathématiques complexes dans son esprit. Cela faisait déjà quelques jours qu’il en était certain. Il ne lui manquait plus qu’un infime morceau de l’immense casse-tête sur lequel il avait sacrifié des années de sa vie. Christopher appuya sur le bouton de l’obturateur et un familier déclic lui indiqua que l’immensité devant lui avait été réduite à une série de numéros dans la carte mémoire de son appareil. Le temps de capturer cette image, le vent s’était levé et les nuages obscurcissaient de plus en plus la forêt. Éreinté comme il l’était, Christopher connaissait les dangers qui rôdaient dans la menace d’une tempête. Il rangea hâtivement son appareil photo avant de tourner le dos au vaste étendu d’arbres décrépits, puis s’enfonça rapidement dans la forêt. Pendant un bon moment, un lourd silence l’accompagnât, signe que tout être vivant survivant encore en ces lieux s’était déjà réfugié. Puis, un bruit sourd et constant se fit entendre au loin. Les gouttes vrombissaient et lacéraient tout sur leur passage. Christopher vit un mur de roc sous lequel il pourrait peut-être se réfugier. Il courut jusqu’à cet abri naturel et glissa les derniers mètres jusqu’à se retrouver couvert. Au même moment, une averse s’abattit tout autour, les gouttes de pluies comme des lames qui tranchaient feuilles et mousses. Les pluies acides prenaient de plus en plus régulièrement d’assaut la province et Christopher savait qu’il en était de même partout ailleurs. En regardant autour de lui, il vit une crevasse dans le roc et décréta qu’il y serait probablement mieux couvert. Sans s’attarder, il entra par la fine ouverture et découvrit que celle-ci donnait accès à un étroit tunnel. Il était toujours difficile de déterminer combien de temps pouvaient durer les averses mortelles, puisqu’elles pouvaient arriver et partir sans crier gare, même les jours ensoleillés comme plus tôt aujourd’hui. Christopher entama donc de se faufiler le long de la crevasse. La respiration haletante, il remarqua que les murs se séparaient peu à peu, jusqu’à ce qu’ils se divisent soudain pour révéler une réelle caverne. Où quelques instants plus tôt il était presque recroquevillé, le plafond de cette cave faisait maintenant des dizaines de mètres de haut. L’écho des gouttes tombant de hautes stalactites créait une gamme de notes, ressemblant une mélodie des enfers. Pourtant, ce lugubre endroit allait devoir faire pour la nuit. Même lorsque la pluie aurait cessé, l’humidité serait toxique sans combinaison complète. Christopher s’installa à même le sol et étudia l’état de son matériel. Heureusement, son appareil photo, ainsi que son sac contenant quelques pièces d’équipement scientifique n’avaient pas été touchés.