Premier Jet (Un autre monde)

Premier Jet (Un autre monde)

par Juliette Leduc2,
Nombre de réponses : 0

La Terre, notre première maison, dérive dans l'oubli. Épuisée par le temps et lentement consommée par l’empreinte invisible de ceux qu’elle était destinée à la gardé en vie. Vue de l'espace, elle est toujours bleue, mais nous savons ce qui se cache sous son voile fragile : des océans morts, des villes fantômes, des forêts réduites en cendres. L’archipel de Santorin n’est plus le paradis que tout le monde rêve de voir, mais plutôt un endroit que l’on fuit pour éviter d’être statufié. Nous savons que l'air n'y est plus qu'un poison, que le sol ne donne plus rien, que le ciel laisse passer des radiations qui marquent les corps et exécute les vies humaines et animales. À bord du Nova Genesis, un vaisseau d'une technologie inégalée, l'humanité s'accroche à son dernier espoir. Conçu dans l’urgence par les plus grands scientifiques, il transporte les derniers survivants, les ingénieurs, les biologistes, les rêveurs et les bâtisseurs vers Alpha du Centaure. À 4,24 années-lumière de la Terre, Proxima Centauri B semble faire partie d’un univers différent, qui représente un nouvel espoir pour l’humanité. Derrière eux, la Terre n'est plus qu'un souvenir mourant, une cicatrice flottante du passé, tandis que la peur d'un futur incertain, mais encore possible, remplit le cœur des passagers. À 5 000 km/s, le Nova Genesis se frayait un chemin à travers l'immensité qu'est l'univers, son moteur vibrant comme un cœur battant dans l'obscurité de l'espace. C'est 254 ans qu'il fallut à ce vaisseau pour franchir les 4,24 années-lumière, un temps où la distance n'était plus une mesure, mais une éternité de vies entremêlées. À bord, génération après génération avait pris le vaisseau pour maison froide et métallique. Ils transmettent le savoir humain et la mémoire de la Terre à travers des siècles de voyage. Leurs regards se levaient parfois vers les hublots, effleurant du bout de l'âme ce souvenir d'un monde lointain, fragile comme un souffle porté par les étoiles.

Parmi les passagers du Nova Genesis, il y a un nom qui résonne comme un écho du passé. Celui de Sélène Vaara, descendante directe de l'astrophysicien, qui, bien avant le départ de l'humanité, avait découvert cette exoplanète lointaine. Née loin des caresses chaudes des vents terrestres, des parfums d'herbe fraîche et des harmonieux changements de saison, elle grandit là où l'air lourd et stérile ? À l'entrée du système solaire d'Alpha du Centaure, les hublots du Nova Genesis s'illuminent d'une lumière douce et vibrante, une lueur d'espoir si lointain remplit les yeux des plus des 500 000 passagers. La planète se dévoile lentement. Les océans sont d'un bleu profond tel que le cœur de l'océan. Les terres semblent couvertes d'une diversité de verdure, où chaque nuance de vert se mêle et se superpose. Le soleil, immense et rayonnant, inonde le vaisseau de sa chaleur nouvelle, réchauffant l'air stérile du vaisseau comme une promesse de renouveau. La planète, si vivante, si vibrante sous cette lumière, est prêt à les accueillir, prêt à offrir ce qu’elle a à offrir. Les voix se lèvent doucement, murmurant dans l'ombre des couloirs du vaisseau, les regards se tournent, émerveillés. Le Nova Genesis commence sa lente descente dans l'atmosphère de ce monde nouveau.