Mystère fraternel

Mystère fraternel

par Marie-Noëlle Giguère,
Nombre de réponses : 1

Aussitôt que je passe le pas de la porte grinçante, l’odeur forte si caractéristique d’alcool et de sueur me fait grimacer. Cet endroit me répugne, mais je n’ai pas le choix. Je dois vérifier si les rumeurs disent vrai. Je me dirige vers le bar en gardant la tête baissée sous mon capuchon et m’assois sur le banc le plus près de l’entrée. En attendant d’attraper l’attention du barman, j’en profite pour jeter discrètement un regard à mon entourage, espérant pouvoir repérer par moi-même le type que je cherche. Je ne le vois pas aux tables centrales, alors s’il est là, il doit être dans une des banquettes privées au fond de la salle. Je ne serais pas surprise que le propriétaire offre ce privilège à son meilleur client, surtout si celui-ci vient de revenir en ville après tout ce temps. Cela me complique la tâche, cependant, et me fait perdre mon effet de surprise. Je n’ai aucun moyen de traverser la salle bondée sans me faire remarquer, surtout si je m’approche de la section VIP. Une petite voix dans ma tête qui sonne étrangement comme celle de mon grand frère me châtie d’être venue désarmée.

Tant pis, on repassera pour la discrétion – et la sécurité. Je ne sortirai pas d’ici sans avoir de réponse. Je me commande une dose rapide de courage liquide avant de me lever avec un soupir de résignation. Les mains dans les poches et la tête baissée, je zigzague entre les tables bruyantes et me dirige vers le fond de la pièce d’un pas lent, mais déterminé.

Je vois soudainement une paire de bottes militaires crasseuses entrer dans mon champ de vision. Une voix rauque haut perchée qui semble habituée à donner des ordres me fait savoir que les minables humains comme moi n’ont pas d’affaire dans cette section du bar. Je sens mon cœur tambouriner dans ma poitrine, appréhendant ce que je vais faire. Je relève la tête lentement et me carre en fixant le géant bleu de mon meilleur air de défi. J’espère que c’est convaincant. Tentant le tout pour le tout, je force ma voix à ne pas trembler et rétorque :

-       Tu te trompes, Cyclope. J’ai affaire avec Arkad.

Le garde rit un bon coup de son rire caverneux.

-       Tu te trompes, Humaine. Arkad ne fait pas affaire avec les tiens. De toute façon, il ne veut pas être dérangé ce soir.

C’est donc vrai, le fameux mafieux est bel et bien de retour. Refusant de lâcher le morceau à la suite de ce regain d’espoir, je me risque encore :

-       Tu diras ça à Arsène Legris.

Le sourire moqueur du Cyclope tombe d’un coup à la mention du nom de mon frère. À mon plus grand désarroi, ce dernier semble avoir un talent pour se faire des amis aux mauvais endroits, une chose qu’il a longtemps essayé en vain de me cacher. Heureusement pour moi, j’ai toujours pu lire en lui comme dans un livre ouvert. Du moins, jusqu’à ce qu’il disparaisse du jour au lendemain sans laisser de trace.


En réponse à Marie-Noëlle Giguère

Re: Mystère fraternel

par Louka Jovanovic,
Bonne mise en scène et introduction, Les détails de l'environement et les dialogues entre les personnages sont bien utilisés pour nous donner du contexte ou des détails des personnages. La fin donne envie de connaître la suite.