J’avance d’un pas décidé, les bâtiments s’écroulent autour de moi. Sans savoir comment, je sais où je vais. Autour de moi est ce qui ressemble le plus à l’enfer. Ce qui semble être nos adversaires se désintègrent par centaines sous la puissance de nos armes bionique. Notre technologie les dépasse complètement, comme s’ils sont encore au XXIème siècle. Nous avançons dans une formation millimétrée pendant qu’ils se bousculent vers leur mort. Ils n’ont aucune chance et le savent, mais continuent tout de même à donner leur vie pour une raison qui m’est obscure. Mais peut m’importe, j’ai une mission et elle semble bien plus importante que tout le reste. Elle est mon unique raison de vivre. J’avance entre les bâtiments comme un prédateur entouré de proies, avec mon gilet tactique blanc dégoulinant de leur sang. Leurs balles se déposent sur moi comme une plume se laissant porter par un doux vent du sud. Le bâtiment à ma droite s’écroule pendant que le Vaisseau-Mère atterrit, laissant le soleil glaçant de l’hiver m’éblouir, mélangé au sable chaud du désert qui remplit l’atmosphère sec de la ville. En face de nous, les hommes crient avec une rage effrénée. Ils nous chargent pour la 33ème fois et pour la 33ème fois, je vois les rayons bioniques s’aligner sur leur cible en les éclatant sur le champ, ne laissant aucune trace de leur passage sur cette planète si ce n’est leur sang qui s’étalent sur les murs. Cela devient monotone. Des explosions assourdissantes détruisent les bâtiments un à un comme un compte à rebours, dans le brouillard de sable, je remarque des murs exploser par dizaines mais certains semblent se reboucher comme pour signifier le dernier espoir de leur peuple. Au moment où la cloche de l’église sonne, toute la troupe part en direction du brouillard de sable, mais moi je reste là sans comprendre ce que je suis supposé faire. C’est comme si j’attendais des instructions. Puis mes jambes reprennent leur marche pendant que les dernières unités de la troupe disparaissaient derrière le brouillard de sable chaud, comme une limite que je ne pouvais pas atteindre. Je reste figé un instant, les doigts crispés sur mon arme, le regard perdu dans le mur de sable. Mes jambes semblent bouger par elles même comme si un autre cerveau que le mien les contrôlaient, obéissant à une volonté qui n’est pas la mienne. Je ne réfléchis pas, je marche. Toujours dans la même direction. Le silence s’abat d’un coup. Plus de cris, plus d’explosions, plus de tirs bioniques. Juste le bruit sourd de mes pas sur les gravats. Le soleil éclaire la poussière qui flotte dans l’air, comme si le temps s’était suspendu. Un bâtiment éventré se montre sur mon chemin, mes jambes s’y engouffrent sans hésitation. Je sens inconsciemment que c’est là que je dois être. À l’intérieur, l’air est lourd, presque figé. Les murs tremblent légèrement, mais ce n’est pas à cause de la guerre. C’est un bruit sourd, lointain. Une vibration étrange, irrégulière. Un couloir s’étire devant moi, trop long, trop droit. À chaque pas, les néons accrochés au plafond clignotent et tanguent dans un rythme parfait, mais parfois une lumière vacille une fraction de seconde de trop.