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par Emile Martel,
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L’ère du sable



Le vent brûlant balayait le paysage aride du désert de Kompi, soulevant des nuages de sable meurtriers. Azriel peinait à se redresser. Ses os meurtris lui infligeaient une douleur sans nom, comme s'il avait été broyé pendant des millénaires. Il venait tout juste de dévaler une dune de plus de cinquante mètres de haut et sentait son énergie l’abandonner. Cela faisait maintenant des semaines qu’il marchait jour et nuit, lancé sur cette quête insensée et téméraire, une folie à laquelle il avait lui-même du mal à croire. 


En fait, depuis que l’empire avait croulé, il y a de cela plusieurs années, personne n’avait entrevu la possibilité de ramener l’eau sur la planète. Elle qui autrefois était si belle, avec une faune luxuriante et des paysages à couper le souffle, n’était maintenant plus que ruine. La terrible erreur avait été commise par le peuple qui, dans un excès de confiance pour ses avancées technologiques, avait surexploité les ressources et avait conduit la planète au bord du précipice. Malgré les avertissements qu’elle leur avait donnés, l’avidité les avait continuellement poussés à approcher la limite. Ils ont continué à toujours récolter un peu plus d’eau, afin de faire fonctionner leurs puissantes machines tournant jour et nuit. 

Un soir d’automne, dans un vacarme phénoménal, l’inéluctable se produisit et la terre elle-même se révolta contre la disgrâce qu’elle avait subie. Elle mit soudainement fin à tous leurs rêves et projets. Le sol s’était ébranlé et le cataclysme avait tout ravagé. L’eau, elle, avait disparu pour de bon en s’infiltrant par les nombreuses failles qui lézardaient la surface du monde. Le tremblement de terre avait vraiment tout déchiré sur son passage. 


Depuis, plus rien n'avait été pareil, certains avaient tenté de fuir, d’autres s’étaient battus pour obtenir les dernières gouttes du précieux liquide. La plupart étaient morts, ensevelis sous les débris ou la gorge sèche et rugueuse. Les mois qui avaient suivi le séisme avaient été particulièrement mouvementés, puis un certain calme résigné s'était emparé de la planète, maintenant recouverte de déserts et de plaines. 


Azriel avait longuement succombé au déni et au désespoir. Comment son père avait-il pu conduire les hommes à une fin si tragique ? Pourquoi lui avait-il survécu, contrairement à tous ces pauvres gens ? Il sentait en lui toute la souffrance du monde. Il pleurait souvent, perdu et sans repère. Que pouvait-il faire ? Que lui restait-il à faire ? 


Un matin, alors qu’il fouillait les ruines d’une vieille ferme abandonnée à la recherche de quelque chose pour calmer son ventre gargouillant, il trouva un vieux manuscrit dans une des armoires du salon. Il était enduit d’une couche épaisse de poussière grisâtre qui laissait entrevoir une reliure en cuir ancienne. Après avoir doucement balayé la couverture de ces doigts, il entrevoit un signe ancien qu’il n’avait vu que dans ses cours d’histoire, l'écusson légendaire de la première famille du royaume. Piqué par sa curiosité, il entrouvrit l’ouvrage et feuilleta les pages jaunes et craquelées. Ce qu’il découvrit allait profondément changer le reste de sa vie.