Premier jet - Mikaï

Premier jet - Mikaï

par Mikaï Ikauno,
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Le palais impérial dominait la capitale, une forteresse de verre et de marbre noir qui s’élevait au-dessus du monde. Des gratte-ciels perçaient le ciel, des vaisseaux naviguaient entre les tours, et aux pieds de celles-ci, la ville regorgeait de vie.

L’Empire régnait sur cette planète, et moi, j’en étais le maître absolu.

J’avais été façonné pour gouverner. Chaque jour de mon existence avait été un entraînement, une leçon sur le pouvoir, la domination et la survie. Mon père, avant moi, avait contribué à bâtir cet Empire sur la force et le contrôle absolu. Je n’étais que son héritier, le produit d’une lignée pure, destinée à mener l’humanité vers la perfection ultime.

Le silence régnait dans mon bureau, les seuls sons provenant du bourdonnement lointain des vaisseaux et du vent sur les vitres. Je balayai du regard les rapports holographiques projetés devant moi : des résultats d’expériences, des prévisions économiques et des statistiques sur la prochaine sélection des Épreuves.

Les Épreuves.

Un divertissement pour le peuple, un rite de passage pour l’élite. À seize ans, les héritiers des grandes familles entraient dans l’arène. Ils s’affrontaient jusqu’à ce qu’il ne reste que trois survivants, les plus forts, les plus intelligents. La récompense ? Une place sur Mars, ou du moins, c’est ce qu’ils croyaient. La vérité était bien plus froide. Les gagnants étaient livrés aux laboratoires génétiques, disséqués, étudiés. Leurs cellules extraites, analysées, recombinées. Ils n’étaient pas de simples enfants, mais la matière première de l’avenir, la clé de la perfection humaine. Personne, à part le Conseil et moi, ne connaissait cette réalité. Et je n’en étais pas troublé. Je me levai et traversai la pièce, mes pas résonnant sur le sol en marbre noir. Des nuages sombres surplombaient la capitale ce qui rendait les larges écrans presque éblouissants. Des écrans diffusant un spectacle que j’avais vu des dizaines de fois sans jamais m’y attarder.

Un signal lumineux attira mon attention. Une alerte discrète, un message urgent. Je l’ouvris.

Un rapport sur un candidat prometteur des prochaines Épreuves : Aurelius Destrictus. Un combattant impitoyable, né dans l’une des familles les plus influentes de l’Empire. Ses performances dépassaient déjà celles des précédents vainqueurs. Son ADN était pur, son potentiel impossible à ignorer. Quinze ans et trois-cent soixante-deux jours. Les scientifiques étaient impatients.

Je fermai le rapport. Il ne serait qu’un nom de plus sur la liste.

Je me détournai de la baie vitrée et quittai mon bureau, le regard impassible. L’Empire prospérait, et moi, je faisais ce qui devait être fait.

L’air du Conseil était glacial, saturé de murmures et de regards pesants. Autour de la table circulaire, les plus hauts dignitaires de l’Empire échangeaient des analyses sur la prochaine génération d’héritiers. Des visages froids, des calculs froids. Ils débattaient des chances de survie des candidats avec la même indifférence que l’on aurait pour des chiffres sur un écran. Presque comme si les enfants qu’on allait mettre dans l’arène était des actions et que les dignitaires vivaient sur Wallstreet il y a deux-cents ans.

— Destrictus surpassera tous les autres, dit un ministre. Nous devons accélérer les préparatifs pour son extraction.

Je partage mon opinion d’un simple signe de tête. Cependant, leur empressement était inutile puisque le système fonctionnait comme il l’avait toujours fait. La sélection naturelle façonnait l’élite, et nous avons simplement à attendre que la Nature fasse sont travail.

J’observai les écrans diffusant les Épreuves. L’arène s’étendait sur des dizaines de kilomètres, une forêt artificielle aux pièges mortels où des adolescents élevés dans l’illusion du mérite allait s’entretuer dans quelques jours. Ils allaient se battre comme des soldats d’élites, chaque mouvement conditionné par des années d’entraînement dès un très jeune âge tel un sparte.

Aurelius va dominer. Un produit parfait du système. Comme je l’ai été moi aussi.

Enfin, presque.